Une rencontre d’âme, par Paule Amblard

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Publié le 22 avril 2023

Cet article est un témoignage de Paule Amblard, historienne de l’art, à propos de sa rencontre avec Annick de Souzenelle. Une rencontre comme un voyage en terre inconnue.

 

J’ai choisi cette image enluminée pour écrire ma vision d’Annick de Souzenelle. Elle illustre le passage d’un manuscrit du Moyen Age qui décrit le voyage de l’âme et sa découverte de l’Invisible. Deux pèlerins entourent l’arbre de la connaissance. Le tronc vertical montre un chemin qui porte beaucoup de fruits. A côté, l’arbre sec est stérile, ses branches sont par endroits mortes et ses racines, sèches. C’est une image du monde coupé du spirituel.

Voilà ce qu’enseigne l’ange à l’âme nue qui naît à l’autre vie. Le pèlerin qui chemine vers lui-même, la parole partagée, la connaissance, la verticalité, le fruit, je pourrais raconter Annick par ces mots et dire ainsi ce que je reçus d’elle. C’est une rencontre d’âme.

Elle commence par un vide. Dans mon creux, mes interrogations, mes déceptions devant un monde consommateur et irrespectueux de l’humain et la réponse infantilisante que m’offrait la religion, j’ai trouvé une parole, celle de cette dame qui m’accompagne depuis trente ans. J’étais une historienne de l’art de 24 ans, je travaillais sur le langage symbolique de l’image et mon cœur s’émerveillait de découvrir le sens caché des miniatures.

L’art du Moyen Age était beau, il était un enseignement vivant qui s’éveillait sous le regard du lecteur. L’art ouvrait la porte du cœur il guérissait. Il y a une rigueur qui se propose au chercheur qui commence le pèlerinage spirituel. Je me suis retrouvée seule sous le regard critique de mes proches considérant ma recherche irréaliste alors que j’avais au contraire l’intuition profonde que le réel se nichait bien là, dans cet art symbolique qui me guidait dans mon quotidien.

Il nous est demandé de quitter nos anciens repères, de partir vers l’inconnu invisible et de s’y tenir. Cette traversée je l’ai commencée en éclairant chacun de mes pas à la lueur d’une bougie, pas à pas. J’ai marché jusqu’à trouver au devant, sur le même chemin, quelqu’un qui tenait haut sa lampe. Annick de Souzenelle m’a donné la manne qui nourrit tout voyageur dans le désert. Je me suis nourrie de ces traductions symboliques de la Bible. Ses paroles résonnaient fortement en moi avec vérité, clarté et profondeur. Tout cela était bon !

J’ai été entraînée. J’ai commencé à lire autrement, avec le même regard que je portais sur les images. Le livre sacré est devenu ma Bible, mon manuel de vie et ce voyage-là n’a pas de fin pour dévoiler le sens, éclairer d’autres zones restées dans l’ombre, ôter encore un voile que l’on avait pas vu et dégager, peu à peu, le subtil de l’épais, comme le dit Hermès Trismégiste. Certains êtres nous aident à ce dévoilement, ils ont creusé profond, ils ne s’arrêtent pas à l’âge de cent ans. Pourquoi arrêter la vie !

Annick, lorsque tu m’accueillis la première fois pour parler de mon travail sur l’Apocalypse, j’ai vu une femme du Moyen Age. Aujourd’hui je te remercie. Je te remercie avec tendresse et sourire et je te souhaite de continuer ton pèlerinage comme tout bon pèlerin en t’envolant sur les ailes de Jeunesse la légère.

Paule Amblard