L’œuvre d’Annick tel un cordon ombilical, par Mgr Martin

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Lettre Qoph Publié le 12 décembre 2022

par Mgr Martin

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Cent ans ! Dans l’alphabet hébreu, ce nombre est associé à la lettre « Qoph », symbole de la sagesse divine nous rappelle Annick dans son ouvrage « La lettre, chemin de vie ». Symbole de sagesse divine, symbole aussi du cordon ombilical qui relie la semence de YHWH déposée en terre matricielle chez l’être humain – les eaux d’en bas – et le Royaume des Cieux éternels – les eaux d’en haut.

 

L’image du cordon ombilical me paraît particulièrement féconde pour décrire l’œuvre spirituelle d’Annick de Souzenelle.

(Encre d’Emmanuel du Réau in « Alliance de Feu » T1 ; Ed. Dervy, Collection Béthanie ; 1986)

D’abord, c’est un symbole emprunté au monde féminin pour désigner le lien vital entre la mère et son enfant. Cela peut paraître trivial mais l’originalité de l’enseignement d’Annick vient de son regard de femme et de mère inspirée posé sur des mystères habituellement regardés et expliqués par des hommes au cœur de l’Eglise.

 

C’est à ce regard nouveau scrutant l’Ecriture Sainte que nous devons en particulier l’éblouissante contemplation du Livre de la Genèse, l’une des œuvres phares d’Annick, « l’Alliance de Feu ». Dans ce livre est mise en lumière la profusion des lois ontologiques – lois de Dieu – qui structurent le monde créé ainsi qu’une nouvelle approche très éclairante du mystère de l’être humain vivifiant le corpus des sciences humaines, surtout dans le domaine de l’Anthropologie.

 

Cette dimension du « Féminin de l’Etre » si prégnante dans l’œuvre d’Annick est aussi fondée sur la qualité de « lien » que symbolise notre « cordon ombilical ».

De manière souvent « héroïque », Annick s’est révélé comme une « gardienne de résonances » au service de la Vie : résonances au sein des terres de Tradition juive et chrétienne pour mieux entendre les multiples harmoniques entre les textes du premier et second testaments de la Bible ; résonances de couleurs de la Tradition judéo-chrétienne avec celles d’autres traditions spirituelles et des grands mythes fondateurs de l’Humanité ; résonances de courants d’intuitions émanant des traditions avec les découvertes contemporaines des sciences humaines – psychologie des profondeurs – et des sciences de la nature – mathématiques et physique quantique. Sa vocation d’infirmière du Vivant l’a conduit en particulier à une interprétation très inspirée du symbolisme du corps humain.

 

En évoquant et en embrassant tous les plans du Réel, – le monde angélique y est très présent – l’enseignement d’Annick, en écho avec la Tradition, nous convoque plus que jamais à relier le monde d’en bas – monde du « Ma », monde manifesté – et le monde d’en haut – monde du « Mi », monde du mystère de l’Obscur et Lumineux Silence -.

En ce sens, la « voix qui crie dans le désert » signalant la présence historique et archétypale du prophète Jean le Baptiste me semble régulièrement résonner dans l’arrière-plan de son œuvre scripturaire. Cri d’Amour Divin appelant à un exigeant retournement personnel et collectif pour les temps actuels. Et c’est sans conteste, l’un des grands piliers de l’enseignement inspiré que nous recevons régulièrement d’Annick, par ses écrits et ses transmissions orales : l’humanité convoquée aujourd’hui à un grand passage, à une Pâque.

J’aime régulièrement revenir à sa mise en résonance féconde entre la Pâque des Hébreux, la Pâque du Christ ontologique et la Pâque dans laquelle l’humanité entière est désormais engagée. A travers le « cordon ombilical » symbolique de sa personne et de son enseignement, nous avons reçu tout au long des dernières années, une nourriture essentielle pour interpréter, penser, parler et agir de manière plus ajustée pour les temps actuels.

Fondée dans son engagement dans l’Orthodoxie sur la présence charismatique et l’enseignement de feu de Mgr Jean de Saint-Denis, Annick n’a eu de cesse de nous rappeler à notre vocation de prêtre, roi et prophète, à notre filiation royale d’enfant de Dieu… En ce sens, elle fait figure de « sage-femme » dont la pensée profondément originale, novatrice et d’une grande fécondité accompagne la naissance de l’Homme Nouveau.

 

En tant qu’évêque d’une Eglise locale orthodoxe d’expression occidentale, je suis particulièrement touché que les dernières pages offertes par Annick dans « L’Arc-en-ciel, mon testament » évoquent les saintes Présences de Marie et de Jésus… Présences incandescentes qui nous invitent à devenir des témoins de l’Amour plus fort que la mort. Au-delà de l’œuvre, c’est sans doute ce qui me touche le plus dans la présence personnelle d’Annick aujourd’hui : la brûlure de l’Amour, l’Ardeur, la Joie, la Vie si présentes…

 

« Nous avons vu ce Grand Œuvre et la brûlure qui s’en suit.
Elle fait s’envoler des cendres de l’animal, le phénix d’une connaissance et d’une sagesse nouvelles, jubilatoires et enivrantes. »
(L’Arc-en-ciel, mon testament)