De la psychologie à l’ontologie, par Françoise Bonardel

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Publié le 22 avril 2023

Françoise Bonardel est philosophe et essayiste, Professeur émérite de philosophie des religions à la Sorbonne. Vous pouvez télécharger l’article complet en cliquant ici.

       Tout est « rencontre » dans la personne et l’œuvre d’Annick de Souzenelle que je commençai à découvrir dans les années 1980 alors que je cherchais encore ma voie, et m’étonnais que soient si souvent dissemblables les discours et les actes de ceux et celles qui disaient être des « spirituels ». Rien de tel avec elle en qui les opposés semblaient s’être spontanément accordés, alors que la lutte intérieure fut sans doute rude chez un être de chair et de sang doté d’une telle vitalité. Telle était Annick hier, et telle elle est restée : une grande Vivante au regard de feu mais au cœur bienveillant ; une « présence réelle » témoignant de la proximité du divin quand on ne se détourne pas de son Soi véritable ; un souffle puissant, enveloppant, qui redresse l’être humain qui s’était affaissé sous le poids d’une existence vide de sens.

Puis les années passèrent durant lesquelles je poursuivais ma tâche, et elle de son côté la sienne. N’étant pas hébraïsante, il m’était difficile de prendre la juste mesure du caractère à la fois traditionnel et novateur de son herméneutique spirituelle fondée sur une retraduction inspirée des textes bibliques. Mais on a beau n’être pas orfèvre en la matière, le souffle qui traverse les textes retraduits par Annick de Souzenelle témoigne qu’il est une Connaissance plus haute que tous les savoirs : celle-là même que je cherchais de mon côté dans les textes alchimiques, et qui enseigne elle aussi à ne pas se contenter d’une vision rétrécie de l’Homme et de la Création, et à s’ouvrir au grand dessein divin dont chacun(e) porte en soi le germe, appelé à devenir de l’or. Car c’est bien l’esprit de l’alchimie qui lui a inspiré de s’insurger contre la médiocrité dans laquelle se complaît trop souvent l’Homme moderne, qu’elle invite à reprendre en main son vrai destin. Ainsi la question du Grand Œuvre humano-divin, omniprésente dans ses écrits, était-elle bien notre préoccupation commune qui ne pouvait que nous conduire l’une et l’autre à cheminer, chacune à sa manière, en compagnie du grand « médecin de l’âme » que fut Carl Gustav Jung.

C’est de lui d’ailleurs que je parlais un jour lorsqu’Annick, après des années d’absence, me fit la joie de sa présence lors d’une de mes conférences. Les retrouvailles furent chaleureuses, et la conversation reprit comme si elle ne s’était jamais interrompue. Il y avait tant à se dire ! Tant de choses cultivées séparément mais qui convergeaient maintenant vers un horizon anthropologique commun. Je retrouvais en elle, mûri et intensifié par les années, ce même enthousiasme, ce même refus du renoncement que j’avais connu chez Gilbert Durand et Henry Corbin, et chez les quelques êtres que les anciens hermétistes et gnostiques nommaient des « pneumatiques », libérés de l’emprise de la matière et des certitudes logiques. Des êtres qu’habite continument l’Esprit Saint, et pour qui la Pentecôte se vit au quotidien.

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