Ce que je dois à la pensée d’Annick, par le Grand Rabbin Marc Raphaël Guedj

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Publié le 7 février 2023

Cliquez sur ce lien pour écouter le témoignage du Grand Rabbin Marc Raphaël Guedj, et dont vous trouverez la retranscription également ci-dessous.

 

Ces quelques mots pour dire ce que je dois à la pensée d’Annick de Souzenelle…

En pensant au sein même de la tradition juive, par le dialogue entre la Qabbale et le Hassidisme, ce dernier (né au 18è siècle) n’est pas resté au niveau de la dimension cosmique de la Qabbale, de la dimension des émanations qui expliquent la structure même du monde et des mondes. Le Hassidisme a intériorisé le discours de la Qabbale ; il en a saisi la dimension intérieure, spirituelle, mystique. De la même façon, Annick a intériorisé le discours mystique de la Qabbale et a dégagé les lois de l’intériorité humaine, les lois qui régissent la dimension immanente de l’humain : ce qu’elle a appelé l’anthropologie spirituelle. Et c’est très inspirant pour moi, qui vient du monde du dialogue entre la Qabbale et le Hassidisme, de retrouver chez Annick cette dimension de l’immanence, de la spiritualité intérieure à l’humain. C’est très inspirant et aussi très important pour moi.

La deuxième dimension qui me parle beaucoup, c’est qu’avant de rencontrer Annick, j’étais dans le dialogue inter-religieux et peu à peu, je pense que c’est sous son influence, j’ai développé un dialogue entre les sagesses, les mystiques et les spiritualités allant au-delà de la dogmatique religieuse, de la comparaison entre les religions et d’un dialogue basé sur l’extériorité de celles-ci. Le fait qu’Annick insiste énormément sur la dimension intérieure, spirituelle, mystique et de sagesse, m’a poussé, entre autre, à développer cette dimension-là, et ça je pense que je le lui dois.

J’ai également été très sensible à la lecture que fait Annick des lettres hébraïques. Cette lecture existe bien entendu dans la Tradition juive mais Annick a une lecture très inspirante. Et lorsque j’ai enseigné les lettres hébraïques, je me suis souvent inspiré d’elle ; et pour cela je lui dois remerciements et une grande reconnaissance.

Lors de mes premières années d’enseignement à Angers (à L’Institut d’Anthropologie Spirituelle), Annick était présente pendant mes cours et le dialogue avec elle était très fécond et très inspirant. Je pense que le public a beaucoup apprécié et moi-même j’ai beaucoup apprécié et appris de ce dialogue. À ce titre aussi je lui dois énormément de remerciements. Tout cela était dans l’amour, dans la compréhension et le respect mutuels. Et ça m’accompagne encore aujourd’hui.

Encore un mot, bien que cela paraisse évidant, ce que nous devons tous à Annick c’est qu’elle a proposé un discours intérieur à ce qui peut paraître une histoire biblique, une histoire évènementielle, superficielle. En fin de compte elle nous propose une lecture intérieure qui nous renseigne sur les profondeurs de l’être. Et c’est de son point de vue l’essentiel de la vocation biblique. Dans le judaïsme bien entendu cette dimension existe mais je pense que la majorité ou la totalité des traditions spirituelles lui doivent cette lecture. Je citerais par exemple son livre sur l’Egypte intérieure où elle montre que ce qui paraît une histoire de plaies d’Egypte est en fait l’histoire du cheminement de l’Homme à travers ses déraillements, ses difficultés, ses chutes et sa manière de se relever et de grandir.

 

Grand Rabbin Marc Raphaël Guedj